“L’événement anthropocène. La Terre, l’histoire et nous.” Jean-Baptiste Fressoz et Christophe Bonneuil

Le mercredi 23 novembre, 17h30 site St Chrales (Bat.8, 3 etg, LPED)

“L’événement anthropocène. La Terre, l’histoire et nous.” De Jean-Baptiste Fressoz et Christophe Bonneuil (Historiens des sciences, EHESS, CNRS)

présenté par Karine Leblanc

Les auteurs :

J.B. Fressoz : historien des sciences, des techniques et de l’environnement (CNRS)

C. Bonneuil : historien des sciences, des transformations des rapports entre science, nature et société (CNRS)

Le livre : Les auteurs nous invitent à la grande fresque de l’Anthropocène. Apparition du terme, controverses autour de la date du début de cette nouvelle ère, qu’est-ce qui caractérise cette nouvelle ère ? Mais s’il n’y avait pas qu’un seul grand récit officiel, mais de multiples récits ? L’entrée dans l’Anthropocène est-elle une histoire très européenne, tirée par les industriels européens et anglais notamment ? Démarre-t-elle avec l’agriculture et concerne-t-elle l’humanité toute entière, un « nous humains» indifférencié ? Doit-on plutôt la penser comme une histoire politique, qui se pencherait sur les relations d’exploitation par certains groupes humains et leur destruction de l’environnement ? Selon le récit que l’on se raconte, la recherche des causes, des responsables et inévitablement des solutions changent radicalement.

Les auteurs nous invitent ainsi à questionner le grand récit officiel porté par la sphère médiatique, publique et scientifique : “Avant nous étions ignorants des effets de l’industrialisation sur la biogéosphère, maintenant, grâce aux scientifiques, nous savons. Nous sommes rentrés dans l’ère de la prise de conscience et devons rentrer dans l’ère de l’intendance planétaire, guidée par la transition énergétique.”

Et si ce récit était une fable ? Et si nous avions systématiquement ignoré et occulté les alertes environnementales et les refus de la mécanisation qui remontent pourtant à plusieurs siècles déjà ? Si nos ancêtres étaient conscients des dommages irrémédiables causés à la forêt et des autres pollutions engendrées par nos activités ? Il faudrait faire le constat dérangeant que nous avons agi en dépit des alertes, en dépit des attentions passées portées au monde et au vivant. C’est la thèse des auteurs, qui balayent plusieurs siècles de controverses et d’alertes environnementales, nous invitant ce faisant à imaginer de nouvelles humanités environnementales pour mieux penser ce qui nous est arrivé. Leur regard d’historiens des sciences et des techniques nous éclaire sur le mythe d’une transition énergétique qui n’est jamais advenue, et qui n’a été qu’une histoire d’additions et de symbioses énergétiques.

Grâce à sept nouvelles propositions de récits, le Capitalocène, le Thermocène et le Polémocène pour n’en citer que trois, les auteurs proposent enfin autant d’angles d’attaques et de coins dans le récit officiel dominant, nous permettant de mieux penser l’Anthropocène.

Un livre important pour tous ceux qui veulent mieux comprendre ce qui nous est arrivé et qui donne les bases de ce que sont l’écologie politique et les savoirs repolitisés de l’énergie et de la révolution industrielle.

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